Briana Calister

Songeur, je décidai de partir de notre manoir seul, malgré les tentatives ratés d’Alice et Emmett de m’accompagner. J’avais bien saisi le regard d’inquiétude qu’Alice avait lancé à Edward, mais je l’ignorais. Alice s’inquiétait toujours, surtout en ce moment. Certes je ne me sens de moins en moins bien ces derniers temps mais je n’y avais guère prêté attention. Pour moi, ce n’était que le renforcement de mon mal être général qui cohabitait avec mon âme depuis que j’ai quitté ma génitrice, Maria.
Angoissé ? Sans doute. Frustré ? Également.
Dans la salle de bain que nous occupions, ma femme et moi, je me regardais dans le grand miroir qu’Alice nous avait fait installer. Le teint pale, fade, maladif qui nous caractérise, nous les vampires, et les yeux marrons, presque noir. J’étais frustré, encore une fois de ne pouvoir me contrôler aussi bien que les autres personnes de la famille, Bella nouvelle vampire y comprit. Bien que ma raison de vivre m’ait assuré que j’ai progressé, je restais toujours sceptique. Elle tentait de me rassurer, mais j’avais trop de mal à y croire. Ce régime végétarien était trop dure à tenir pour moi, je me sentais si proche de la rupture… Ni pense pas. Ni pense même pas. Après avoir embrassé ma femme, je pris les clefs de la voiture d’Alice. « Fais bien attention à toi Jasper… » J’hochais la tête, dans un état second.

J’avais décidé d’aller faire la chasse, seul. La morosité de mon humeur ne pouvait supporter la joie de vivre d’Alice ou les taquineries d’Emmett. Il fallait que je reste seul, histoire de faire le point, sans personne pour me demander chaque seconde si j’allais bien, ou bien un espion lire mes pensées. Prends ça Edward, nah !, pensais-je conscient qu’Edward me regardait probablement par la vitre d’entrée. Avec brusquerie, j’enfonçais la clef et démarra la voiture. Nous les Cullen, nous aimions la vitesse. Voila sans doute pourquoi la voiture se mit à rouler vite, très vite, jetant à la poubelle toute les règlementations de vitesse du code de la route. L’esprit désormais vif, mes sens aux aguets, je pus profiter de la course dans toute sa splendeur.
Je restais dans cet état pendant une bonne heure. Ne songeant à rien, juste à repousser les limites de cette voiture. Au bout d’un moment je l’avoue, je me suis lassé de tout ça et j’ai commencé à ralentir la voiture, afin de laisser mon esprit vagabonder un peu et ne plus devoir me concentrer exclusivement sur la route. Si à première vue j’étais le plus discret des Cullen, c’est parce que j’évite de côtoyer les humains, de peur de les tuer.

Comme beaucoup le savent, je suis le plus récent de la fratrie Cullen, si nous ne comptons pas Bella, Jalys et Briac. Chose étonnante, malgré le fait que je sois disons depuis pas mal de temps en train de suivre ce régime alimentaire plus que surprenant pour notre race, je ne m’y suis toujours pas habitué. Parfois j’ai l’impression que même Jalys, non je suis même certain que Jalys se contrôle mieux que moi en présence d’humain, ce qui m’exaspère parfois. Je n’ai jamais rencontré autant de vampire végétariens depuis ces dernières années, et pourtant j’en ai vécut un paquet. Je n’en veux pas à Jalys, mais à moi. C’est à moi de montrer l’exemple mais je n’en suis pas capable. Chassez le naturel et il revient au galop, comme vous dites les humains.
J’avoue que parfois je me demande même si je pourrais réussir. Je m’accroche à ce que disent Alice, Carlisle et Edward bien entendu pour son expérience envers Bella, et j’espère. Même si parfois je désespère, comme ces derniers temps.

Pendant que je réfléchissais sur ma condition et cette situation pénible, je crus voir la voiture de Rosalie. Cru seulement, étant donné qu’agacé, je freinais immédiatement et fit demi tour pour leur demander une explication : Aucune trace de la voiture de Rosalie et d’ailleurs aucune trace de voiture du tout. Même si cela ne m’est jamais arrivé, je préférais mettre cette vision sur le compte d’une petite crise d’hallucination dû à la faim.

Je repris donc ma route, dépassant graduellement les vitesses jusqu'à freiner brutalement : Une femme, visiblement pas mal éméchée s’était mise au beau milieu de la route. Mais que pouvait faire un humain ici, un désert froid avec aucun village à moins de trois heures d’ici ? (ou une pour ceux amateur de vitesse extrême comme moi). En faite pour vous donner réellement une idée, nous les Cullen partons dans des endroits, des forets vides d’homme pour éviter de se faire voir en plein flagrant délit lors de nos chasses. Etant donné que j’étais presque arrivé à destination, c’est vous dire à quel point cet endroit est censé être désert.

Encore sous l’effet de surprise, je respirais bruyamment, les yeux grands ouvert. J’appuyais ma tête sur le volant, fermant les yeux. Mais que m’arrive t-il ? Jamais je n’étais confronté à une telle situation : Il était tellement facile pour moi de détecter la moindre forme humaine à des kilomètres et la non seulement je ne la détectais pas mais en plus j’ai faillis l’écraser, ce qui signifiais du sang, du sang et encore… stop. Il faut que j’arrête de penser à ce genre de chose. Il faut que je me calme, que je me ressaisisse. Comme vous pouvez le penser, fermer les yeux et respirer bruyamment n’a aucun effet sur un vampire. Il s’agit d’une simple habitude que nous avons conservée de notre vie humaine. Je relevais donc la tête, mais je ne me sentais pas vraiment mieux. Je soupirais lorsqu’elle se mit à toquer à la vitre du conducteur.

J’ouvre, je n’ouvre pas… Pour elle comme pour moi, il valait mieux que je l’ignore et que je m’en aille. Mais laisser ainsi une personne au beau milieu d’une autoroute sans aucune ville à proximité m’ennuyais, et si elle était confronté à un danger ? Je m’exaspérais moi-même : Quelque soit les potentiels dangers auquel elle pourrait être confronté, ce sera sans doute mieux que de rester auprès d’un vampire incapable de se contenir, affamé en plus, comme si cela ne suffisait pas. De plus si je la prenais dans la voiture, la chasse que j’avais prévue n’aurait donc pas lieu.

Pendant que je pesais le pour et le contre, l’inconnue retoqua à la porte avant de reculer pour me laisser ouvrir, mais trébucha sur ses talons aiguille. Avec une vitesse surprenante, j’ouvris la porte et la rattrapa si rapidement qu’elle ne même pas conscience de s’être prit les pieds. Je tentais de me convaincre que si je m’étais précipité ainsi hors de ma voiture, c’était pour l’empêcher de s’égratigner la peau, évitant ainsi une blessure qui lui serait fatal si je m’attaque à elle. Mais en y repensant, dès que j’étais levé de la voiture signifiait que je ne pourrais pas me contrôler. Voila sans doute pourquoi je ne luttais plus, en lui disant de s’installer dans la voiture.

- Quel destination?
- Je me fiche.. hic! La plus proche... Hic! Forks... Hic!

J’évitais de la regarder, mais le problème c’est que même sans la regarder, je ne pouvais m’empêcher de… de la désirer. Non pas comme je désire Alice, Alice reste et restera la seule personne au monde avec qui je souhaite faire ma vie, mais désirer dans le même style que désirer un met exquis qui m’a été privé depuis longtemps, trop longtemps. Non stop ! Ne commence pas Jasper… La jeune femme était silencieuse, et moi aussi. En général si enclin au silence, celui-ci m’agaçait, me pesait. Je tournais un œil furtif vers cette femme et constata qu’elle me reluquait. Je décidais de stopper ce silence.

- Vous êtes arrivé comment ici ?

Mauvaise idée.

- C’est mon petit ami… ce crétin !! Il m’a laissé au beau milieu de la route au milieu d’une énième dispute…

Mes mains se crispèrent sur le volant. L’odeur de l’alcool combiné à son sang imbibait chaque particule d’air dans la voiture à mesure qu’elle parlait, inconsciente du danger que je représentais. Ma gorge s’enflamma. J’avalais péniblement ma salive, contrôlant soigneusement chaque geste que je faisais. Il ne fallait qu’aucun geste ne soit incontrôlé. Si elle était moins saoule et égocentrique, sans doute aurait-elle remarqué le changement d’expression sur mon visage, durcit à force de résister aux instincts les plus primaires, les plus naturels qu’un vampire puisse avoir. Au lieu de ça, elle continua à parler, propageant l’haleine délicieuse dans l’espace confiné qu’est la voiture.

- C’t’encore une dispute, il ne supporte pas que je ne l’écoute pas Bobby ! Mais putain, j’suis pas sa potiche moi ! Si j’ai pas envie de faire quelque chose, faut pas m’forcer ! Rha… Il m’a abandonné au beau milieu de la route ! Heureusement que vous êtes apparu, j’sais pas comment j’aurais fait dans ce bled paumé ! Vous savez qu’i’a même pas l’réseau ici ? Scan-da-leux !

Je tentais de l’écouter, mais plus elle parlait plus l’envie d’arrêter la voiture et de l’étreindre devenait pressente. Je tentais de me concentrer exclusivement sur la route. Si Je l’ai supporté trente minute, je devrais pouvoir la supporter plusieurs heures. Malheureusement pour moi c’était trop dure. Avec un soupir, j’arrêtais la voiture.
- Sors de la voiture, grinçais-je tout bas, les mains crispé sur le volant pour éviter de faire un mouvement brusque.

- Hein ?

Plus je serais loin d’elle mieux ça sera. Mais visiblement soit elle n’avait pas compris ce que j’avais dis, soit elle ne voulait pas sortir de la pièce. Je bondis de ma place et sorti prestement de la voiture, heureux d’échapper momentanément à l’odeur enivrante de l’humaine. A peine ais-je respiré une bouché d’air que tout de suite, je me précipitai vers le siège passager pour la faire sortir. Il était encore possible de la sauver.
- Sors de la voiture, dis-je de la voix la plus paisible qui soit.

- -Mais… Mais… pourquoi ?

Ne pouvant plus me contrôler, je l’arrachais du siège quant tout à coup je me retrouvai par terre…
Je n’avais pas tout de suite compris, ce qui s’était passé, mais Emmett m’avait projeté a dix mètres de ma voiture tandis qu’Alice se précipitait vers l’humaine. Je soupirais, soulagé de voir mon frère me sauver, encore une fois. Sans doute je n’allais pas tuer l’humaine, mais avec Alice et Emmett présent, je pouvais désormais être certain.

- Merci… dis-je encore déboussolé
- Pas de quoi ! s’exclama Emmett.

Je me relevais avec difficulté et fit Edward me regarder froidement au volant de la voiture de Rosalie. Ce n’était donc pas une hallucination…
Alice vint vers moi, soulagé de voir que je n’avais pas tué l’humaine.

- Jasper, Jasper… dit-elle soupirant, tout en me conduisant vers Edward.

Après la reconnaissance, maintenant la honte. Je m’en voulais de m’être comporté ainsi, surtout en présence d’Edward. Je me sentais complètement stupide ! Il du capter mes pensés car l’expression de son visage se modifia aussitôt, devenant bienveillant.

- Ne t’inquiète pas Alice dit-il, il n’aurait rien fait à cette fille. Oui, j’étais aussi persuadé que vous qu’il allait la tuer mais au dernier moment, il s’est ressaisit.

J’exprimais un sourire timide, heureux que ma famille soit présente pour me protéger de moi-même et de cette femme. Alice émit un cri de joie avant de m’embrasser.

- Je le savais, je le savais ! Tu as progressé, je te le dis ! dit-elle en sautillant.

Même si j’étais pessimiste sur les progrès que j’avais fait, je constatais qu’effectivement, j’avais fait un progrès. Le Jasper d'avant n’aurait sans doute pas réussit à se contrôler.