Sweet Dreams or Beautiful Nightmare || Aileen Swann

Cher Journal,
J'ai aujourd'hui tout juste 24 ans, et c'est seulement maintenant, que je commence à écrire sur tes pages blanches. Je ne comprends pas moi même ce besoin que j'ai ressentit de me mettre à écrire sur tes pages. Peut être un sentiment d'oppression, un besoin de tout lâcher, de vider mes pensées pour pouvoir me sentir mieux par la suite? Je l'ignore mais, une chose est sure, dans un quelques instants tes pages seront noires d'encre car je m'apprête à tout écrire, depuis le début, jusque maintenant. Peut être que cela pourra apaiser cette oppressante envie de me confier à un simple cahier ou alors me permettre de remplir enfin ce trou présent en moi. J'espère.

C'est le 23 Juin 2006 que je vit le jour dans un hôpital d'une grande ville des États-Unis, non loin du Canada. Dès ma naissance il était évident que ma vie serait des plus aisée. Mes deux parents, Julyann et Mark Swann m'entouraient, ainsi que mon grand frère de un an de plus, Mike Swann. Mon père travaillait déjà depuis de nombreuses années dans les finances et occupait un poste assez prestigieux, ce qui ramenait beaucoup d'argent, mais qui l'obligeait aussi à partir souvent à l'autre bout du monde pour une voyage d'affaire. Ma mère, elle venait de se trouver un travail comme chroniqueuse dans la rubrique mode d'un célèbre magazine Américain.
Il n'y a pas grand chose à dire sur ma tendre enfance, les souvenirs n'étant pas présents. Mais, je peux assurer à quiconque désire l'entendre que j'étais entourée d'une famille aimante et soudée malgré les nombreuses absences de mon père. Dès 5 ans je multipliais les bêtises avec pour éternel partenaire de jeu mon grand frère. Il n'y avait pas à dire, nous étions comme les doigts de la main, toujours fourré ensemble et n'ayant aucun secret l'un pour l'autre. Nos bêtises étaient tellement surprenantes et courageuses que je me fit moi même prendre au piège alors que je n'étais encore qu'une enfant. Jouant trop prêt de l'escalier de notre grand appartement j'avais fini par tomber et débouler toutes les marches une par une. Instinctivement, j'avais mis mon bras droit devant mon visage, réflexe qui me permis de ne pas me blesser gravement, mais qui suffit à me fracturer le bras. C'est ainsi qu'à a peine 6 ans je me retrouvais pour la première fois sur une table d'opération. Trois jours plus tard je repartais chez moi avec un beau plâtre immaculé -qui serait bientôt couvert de dessin en tout genre- et sans le savoir avec diverses modification dans mon ADN. Cette opération n'avait pas servit qu'à me remettre sur pied et cela personne ne le savait.

Contrairement à ce que les gens pourraient penser, l'âge ne me sépara pas de mon frère. Nous grandissions ensemble et notre complicité grandissait en même temps que nous. Comme chaque enfant je suivit une scolarité normale, passant les étapes au fur et à mesure, il paraissait que j'étais une bonne élève, très impliquée dans ce que je faisait mais aussi plutôt têtue et impulsive. Côté relation, je faisait partie de ces personnes qui attirent les autres. Ma bonne humeur et mon sourire permanent semblaient faire l'effet d'aimants sur les autres. Bien vite je me retrouvais entouré d'enfants de mon âge, je me fis de nombreux amis, mais aussi des ennemis. Je ne pouvais pas être aimé de tout le monde c'était un fait. Mais peut m'importait alors les regards des autres, j'avais 10 ans et j'étais heureuse. Une bonne scolarité, des amis en grand nombres et une famille aimante, que demander de plus?

Aucun événement spécial ne marqua les années qui séparèrent mes 10 ans de mes 12 ans. La vie suivait son cours et j'espérais garder mon bonheur toute ma vie.
Mais, il est impossible de se sentir heureux durant toute sa vie, n'est-ce pas? Existe-t-il un quotas de bonheur? Une fois celui-ci expiré tout se termine-t-il brutalement et sans ménagement? C'est tout à fait possible. Ma vie était la petite vie parfaite d'une Américaine de 12 ans, heureuse et aimée. Je ne demandais rien de plus que de pouvoir vivre ma vie ainsi pour le restant de mes jours. Mais apparemment il en avait été décidé autrement. Rangez vos contes de fées et princes charmant, la vie n'est pas celle d'une de ces histoires merveilleuses. Une fois notre réserve de moment de bonheur terminé, il ne restait plus grand chose, le vide, le froid et l'incompréhension. Et quand cela vous arrivait, croyez moi, vous regrettez votre bonheur perdu. Vous le regrettez amèrement.

La fin de mon bonheur idyllique fut marqué un soir pluvieux de Mars, j'avais alors 14 ans, ce jour resta gravé en moi, et même maintenant, de nombreuses années plus tard je me souviens de chaque instant de ce dîner particulier. C'est bien lors d'un dîner que donnait ma famille avec divers amis que tout bascula et sombra dans le froid. Rien de spécial ne marquait pourtant ce repas. Tout le monde était attablé et une conversation sur notre scolarité et les projets de nos parents pour mon frère et moi était en route. Mais voilà, mon frère voulant me taquiner, demanda subitement et sans aucune pudeur qui était l'élu de mon cœur. Gênée par cette question inattendue, mes joues s'empourprèrent et je lui répondis rapidement que tout ceci ne le regardait pas. Mais malheureusement pour moi, Mike n'en resta pas là et insista, encore et encore. Il me taquinait, certes, mais moi, je me sentais plutôt vexée et gênée qu'il osait lancer ce sujet de conversation, délicat pour une jeune fille de mon âge, en plein repas, devant des presque inconnus. Ma susceptibilité me fit hausser le ton. Mais il persistait toujours, demandant sans cesse la vérité. Et c'est là que tout éclata. Ce fut cette banale dispute qui déclencha la fin de mon bonheur. Exaspérer par mon frère je m'étais levée rapidement, seulement d'autres événements se jouaient autour de moi, des événements dont je n'avais même pas conscience. Je mis quelques seconde à remarquer les regards affolés que me lançaient nos invités et ma famille, mon frère semblait d'ailleurs avoir perdu la parole. Étonné de ce soudain changement de comportement, je regardais moi aussi autour de moi et la surprise se peignit elle aussi sur mon visage. Toutes les lampes de notre salle à manger et appareils électroniques semblaient s'affoler, animés d'une énergie inconnue. Les lumières sautaient, faiblissaient, revenaient, créant une ambiance sombre et horrifiante, les appareils eux clignotaient, émettaient des "bip" incessant. Me tournant à nouveau vers ma famille, je remarquais alors que leurs regards terrifié s'étaient tourné vers moi. Je me souviens encore parfaitement de mon affolement et de ma terreur lorsque j'avais découvert mes doigts parcourus d'étranges petits éclairs bleuâtres. Qu'étais-je devenue?

Les souvenirs des années suivantes me sont encore très douloureux. Je ne me rappelle pas très bien ce qui s'est passé à la fin de ce dîner fatal. Mais la peur que je pouvais lire dans les yeux des différents membres de ma famille semble gravée dans ma mémoire. Et cette peur c'était moi qui la causait.
Ce jour marqua bel et bien la fin de ma petite vie parfaite, tout changeait autour de moi, à commencer par moi. Peu à peu je me rendis compte que ma nature était différente de celle des autres, différente de celle de mes parents et de mon frère. Je remarqua l'apparition de phénomènes de plus en plus étranges autour de moi, tous différents les un des autres. Ainsi parfois j'entendais des voix étranges dans ma tête, je parvenais à faire bouger des objets par la pensé ou à voir plus loin que ce que je n'aurais dû. Il me fallut un petit moment pour me rendre compte que ces évènements n'arrivaient que lorsque j'étais parmi d'autres personnes.

Mais la part la plus dure et la plus froide depuis cet événement était sans aucun doute la réaction de ma famille par rapport à mes pouvoirs (puisque je supposait fortement en posséder). Depuis ce dîner, je les entendais murmurer à propos de moi, se posant maintes questions, mais ceci n'était pas le pire. Le pire était leur regard, et leur attitude envers moi. Je pouvais désormais lire de la peur, de l'incompréhension et même parfois de la froideur dans leurs yeux. Ils ne comprenaient pas la situation, ils auraient sans doute préféré que rien n'arrive et que notre vie continue. J'avoue que moi même je souhaitais alors la même chose. Et la peur dans leurs yeux quand ils me regardaient me faisait prier encore plus fort. Ils ne savaient plus comment se comporter avec moi et notre relation autrefois si forte devenait de plus en plus étrange, mélange de froideur, de terreur et de gêne. Moi même je m'efforçais de ne pas réagir, tout d'abord par peur de déclencher mes pouvoirs que je ne contrôlais pas, mais aussi de peur d'horrifier ma mère et d'entendre tout hauts ce que je savais parfaitement qu'ils pensaient tout bas.
La même situation était présente concernant mon frère, Mike. Je pouvais aussi lire dans ses yeux la peur, le doute et l'incompréhension la plus totale. Mais je pouvais aussi y lire une autre chose, une chose encore plus terrible pour moi: le dégout. Son regard comprenant une pointe de dégout m'attristait bien plus que lorsque j'y lisais de la peur.
Les années qui suivirent furent les plus dures de ma vie. La peur était devenue ma partenaire et la tristesse mon amie. Je vivais ainsi, possédant des pouvoirs que je ne pouvais contrôler, et qui me faisait peur. Et si jamais je blessais quelqu'un? Les questions se bousculaient dans ma tête, et la terreur me gonflait le cœur. Ma famille semblait brisée, la froideur faisait partie de ma vie et j'en étais la coupable.

C'est lors de mes 18 ans que ma vie changea à nouveau brusquement. Je me souviens alors que je rentrais de mes cours, la première chose que je vis fut deux hommes, habillés assez étrangement, assis dans mon salon en compagnie de mes parents. Je pus saisir un "la voilà" avant de voir tous leurs regards se planter sur moi. Alors, une nouvelle fois, la terreur s'empara de moi. Qui étaient ces hommes? Pourquoi étaient-ils ici? Que me voulaient-ils?
Je fus invitée à m'asseoir en leur compagnie et je pus sentir de l'angoisse émaner de mes parents, de toute évidence les deux hommes les gênaient beaucoup. Mais quelques secondes après, mes géniteurs quittèrent la pièce avec un certain empressement, me laissant seule, avec ces deux hommes, mes questions et ma peur. Moi même je ne me sentais pas rassurée en présence de ces hommes aux visages austères et froids. Pendant de longues minutes ils me parlèrent, selon eux j'étais une mutante, j'avais été victime d'une opération menée par leur soin lors de mes 6 ans durant laquelle ils avaient modifier à leur guise mon ADN espérant des changements. Et cela avait été concluant de toute évidence. Ils étaient membres d'une espèce d'association nommée Genome X. Longtemps ils me parlèrent, me disant que si je ne faisait pas preuve de pouvoirs lorsque j'étais seule c'était parce que de toute évidence j'avais le pouvoir de copier les pouvoirs des autres mutants à proximité et de les utiliser. Me racontant qu'ils désiraient que je les rejoigne, que j'avais un grand potentiel et qu'un pouvoir tel que le mien était très rechercher. Leurs explications durèrent de longues minutes, puis l'un me demanda de leur montrer mes pouvoirs, d'absorber le pouvoir que lui même possédait. Alors qu'il me faisait cette demande d'une voix polie et contrainte un éclair d'avidité passa dans ses yeux gris, il semblait bien plus qu'intéressé par mon pouvoir et soudainement cela fit ressortir ma peur qui s'était tût lors de notre conversation. Mon refus fut catégorique, et assez peut apprécié il va de soit. Les hommes ne dirent rien mais je vis bien l'air de contrariété se peindre sur leur visage, ils avaient compris que m'amener dans leur camp n'allait pas être gagné.

Mon refus leur fit surement l'effet d'une douche froide puisqu'ils écourtèrent bien vite la conversation en me posant la question qu'ils attendaient depuis le début: Allais-je les suivre? Ma réponse fut tout aussi catégorique et frustrante que pour la démonstration de mon pouvoir. Non. Tout simplement, ces homme ne me paraissaient pas dignes de confiance et les suivre serait une erreur. Bien évidemment ce second refus fut mal pris et la colère se fit sentir chez les hommes, leur départ fut quelque peu précipité, mais mon soulagement ce fit donc plus rapide.
L'air quelque peu suspicieux mes parents revinrent dans le salon après le départ des membres de Genome X. je comprit rapidement qu'ils n'étaient pas méfiant simplement des étrangers, mais leur méfiance était aussi tournée vers moi. Ils avaient peur et se méfiait de moi, cette réalité me revint en pleine figure, me faisant l'effet d'un coup de couteau, m'écrasant le cœur.

A peine une semaine après cette étrange visite, une grande nouvelle fut annoncée au Journal télévisé, une nouvelle qui fit l'effet d'une bombe. Enfin l'existence des mutants était révélée au monde. Bien vite un effet de panique s'empara du continent et des mesures drastiques furent prisent pour venir à bout du "problème mutant". Une milice fut mise en place, traquant et éliminant les mutants pour le bien et la paix. A ce qu'il paraissait cette milice engageait même des mutants -parfois contre leur grès- pour combattre les leurs. Et j'entendis dire que de leur côté les Genome X continuait à une allure folle leur manipulation d'ADN pour créer de nouveaux mutants dans le but de permettre aux mutant de prendre le pouvoir. Jamais le monde n'avait connu une telle crise.

La paix était brisée et pour survivre et échapper aux organisations qui me voulaient dans leur camp je me devais de garder mon secret pour moi même. Inconsciemment je me doutais que Genome X me voulait toujours dans ses rangs et que l'information de l'existence de mon pouvoir avait dû filtrer ce qui faisait que diverses organisations en avait après ma mutation. Mais pour moi il était hors de question de perdre ma liberté ou de m'opposer à d'autres mutants. A l'âge de 19 ans je pris donc la décision de quitter l'appartement familial, la relation avec ma famille était de plus en plus tendue et le dialogue était presque coupé malgré tous mes efforts pour rendre la situation meilleure. Alors je voyais là la solution. Comme je m'en doutais -malheureusement- mes parents ne s'opposèrent pas à cette décision folle. Après de nombreuses recherches d'appartement et de papiers en tout genre je déménagea dans un petit appartement au cœur du centre ville et commença une sorte de nouvelle vie.
Cette même année je fis mon entrée à l'université ou j'avais choisi d'étudier le journalisme dans le but de devenir journaliste. Tout ne fut pas facile et plusieurs fois j'eus a faire à des membres des organisations qui me voulaient dans leurs rangs, quelque fois je dû même utiliser leurs pouvoirs contre eux pour qu'ils me laissent tranquille. Mais ma nouvelle vie me plaisait -si l'on ne prenait pas en compte la blessure que laissait ma situation familiale dans mon cœur.

Les année passèrent et mes 24 ans arrivèrent bien vite. Mes études laissèrent place à plusieurs stages puis à un emploi fixe comme journaliste pour le grand journal d'information de la ville, j'avais donc accès à toutes les dernières nouvelles concernant les mutants -nouvelles qui n'étaient jamais très bonnes d'ailleurs- et je troqua mon petit appartement d'étudiante contre une superbe et spacieux appartement en centre ville. Je fis de nombreuses rencontres, bonnes ou mauvaises mais une seule laissa mon cœur chamboulé. Enfin mon pouvoir se vit améliorer grâce aux années et aux entrainements, ce qui impliquait que désormais j'étais aussi davantage recherchée dans la communauté mutante.

Malgré cette vie plutôt satisfaisante une question reste en suspend, que me réserve l'avenir?